L'enfant et le cheval
Le cheval est d'une manière générale le fidèle compagnon et confident de l'enfant, celui qui va partager ses joies, ses peines, ses questionnements et éventuellement celui qui est capable de combler un sentiment de solitude ou d'abandon. En tant qu'être non jugeant, le cheval ne renvoie pas à l'enfant un sentiment d'échec ou d'infériorité. Sur le plan émotionnel, il est dit que le cheval refléterait des émotions semblables à l'homme tant au niveau de l'expression que du fonctionnement psychique.
Le cheval manifeste des comportements tout à fait similaires à l'homme, il recherche naturellement le contact, interagit et a la capacité de répondre de manière adaptée et juste aux signaux qu'on lui envoie.
Le cheval est l'objet transitionnel suppléant la mère auquel l'enfant va s'attacher, permettant ainsi un retour à un mode d'expression et un comportement primitif dont la finalité consiste à rassurer.
C'est dans la fusion avec le cheval, lorsque l'enfant l'enfourche, se laisse bercer par son pas, l'agrippe, ressent sa chaleur, se blottit, l'étreint et enfouit sa tête dans sa crinière pour mieux sentir son odeur, que pourra se créer une relation d'attachement rassurante et sécurisante. On voit ici se redessiner le parcours du développement affectif de l'enfant.
Les liens corporels et affectifs qui unissent le cheval et certains enfants constituent les prémices d'une relation « maternante » qui permettra à l'enfant d'avoir le sentiment d'exister en tant qu'être individuel tant sur le plan physique, qu'affectif et psychique.
Une fois à cheval, l'enfant doit adapter son équilibre et son tonus aux mouvements du cheval, cet état lui permet de vivre des sensations, des émotions et des perceptions nouvelles qui pourront être à l'origine de l'émergence de capacités non révélées.
Ce langage corporel intimement lié aux émotions ressenties, va faire vivre à l'enfant un sentiment d'unité corporelle se prolongeant jusque dans ses affects et ses pensées.
L'un et l'autre adhèrent à une relation unique où la communication est si subtile qu'elle peut passer inaperçue pour l'entourage.
Les fonctions du cheval utilisées en thérapie avec le cheval :
Le cheval remplit différentes fonctions :
1/ Fonction de maternage et de portage :
Le cheval permet de quitter le sol, de s'élever, le cheval chauffe, berce et porte (holding et handling symbolique de la mère qui prodigue les soins, porte et manipule son bébé)
Le portage met en lumière la fusion de deux corps qui vont s'accorder grâce à une communication en isopraxie (homologie gestuelle), le cavalier s'imprègne des mouvements du cheval pour établir avec le cheval une communication passant par le corps. Le même processus s'établit en amont sur un registre émotionnel grâce à une communication en isoesthésie (sensibilité égale) entre le cavalier et le cheval.
La monte à cru caractérisée par la chaleur que le cheval dégage, son odeur, son bercement par le rythme du pas, va faire revivre au cavalier la manière dont il était investi par ses parents, à travers notamment la manière d'être porté et manipulé. Ces comportements seront à la base du processus d'attachement qui peut être recherché, et le thérapeute sera là pour les nommer et leur donner sens.
Comme l'enfant, le cheval impose aussi l'obligation de lui prodiguer tous les soins liés à son entretien, son alimentation et sa sécurité.
2/ Fonction paternante :
Elle se caractérise à travers le respect des règles de vie, de sécurité, de protection.
3/ Fonction sociale et relationnelle :
En tant qu'animal de proie, le cheval est en relation avec ses congénères et avec l'homme lorsqu'il est domestiqué.
L'intérêt pour le thérapeute est de comprendre de quelle manière va se jouer la rencontre entre l'homme et le cheval, comment vont s'établir les échanges et la communication.
Les réactions du cheval sont en lien direct avec notre mode de communication infra-verbal (gestes, attitudes, mimiques), ses réponses immédiates sont toujours spontanées, authentiques et adaptées. Par son caractère non jugeant, les réactions comportementales du cheval en réponse aux actions du cavalier sont plus faciles à accepter.
Le cheval permet à l'enfant d'expérimenter ses capacités relationnelles. L'enfant évolue dans un cadre ouvert dont les limites n'ont pour seul objet que la sécurité de l'enfant.
4/ Fonction corporelle :
Le cheval offre au cavalier la possibilité de réaliser des exercices mettant en jeu sa sensorialité, le mouvement et l'expression gestuelle de la personne, ce qui ouvre un large champ d'expérimentations.
5/ Fonction au niveau cognitif :
Le cheval active la vigilance, sa corpulence nécessite d'être attentif et présent à ce qui se passe pour assurer sa sécurité. Le cheval incitera l'enfant à prendre en compte sa personne et donc à prendre conscience de lui.
Lorsque l'enfant fait une demande au cheval, cela lui demande d'organiser sa pensée, de résoudre des problèmes si son cheval ne lui obéit pas et le cas échéant, de s'adapter aux besoins, comportements et rythme du cheval.
Si l'enfant veut prendre soin du cheval il devra mémoriser ce que le cheval aime ou n'aime pas, il devra pour sa propre sécurité se souvenir des règles de sécurité et les respecter.
Au niveau du langage, l'enfant fera ses demandes verbalement au cheval, la prosodie (ton, tonalité, intonation...) aura une influence sur les réactions et le comportement du cheval.
L'enfant apprendra à explorer, se repérer et structurer son espace, et ce à travers la manipulation du cheval ainsi que des objets au cours des jeux et exercices.
Le cheval stimule les capacités de perception, d'attention, de concentration, de mémorisation et de raisonnement.
6/ Fonction symbolique :
Parce que l'image du cheval est dans notre inconscient collectif, il véhicule à la fois la force, la puissance, la beauté, la liberté... il a de tous temps participé à alimenter notre imaginaire (mythes, contes, légendes...)
7/ Fonction psychique :
Le thérapeute peut grâce au cheval permettre à chacun de revivre les différentes étapes de son développement psycho-affectif.
Le cheval aide à développer la vie émotionnelle, il réveille les affects et est l'objet de transferts et de projections conscientes et inconscientes. Le cheval permet à l'enfant de revivre les différentes étapes de son développement.
Le cheval en tant que réceptacle émotionnel reçoit les affects du cavalier sans les interpréter, ni les juger. Le cheval n'a pas d'états d'âme, il accepte la personne telle qu'elle est.
Lorsque le cheval est enfourché, il contribue spontanément à la pulsion d'attachement, grâce à certaines conduites telles que l'agrippement, l'étreinte, les sourires, les pleurs, les cris... cette modalité s'exprime par la fonction tonique, se communique par la chaleur et le bercement. Des affects apparaissent qui pourront être nommés par le thérapeute ou l'enfant.
8/Fonction physique :
Le cheval en mouvement permet de détendre, stimuler, tonifier, redresser (verticalité), équilibrer, coordonner, assouplir ...
Le métier de thérapeute avec le cheval :
C'est un professionnel diplômé dans le domaine de la santé ou du social et ayant suivi une formation complémentaire spécifique diplômante auprès d'un organisme de formation en équithérapie ou de thérapie avec le cheval.
Rôle du thérapeute :
Il est le témoin de ce qui se joue dans la relation entre la personne et le cheval, le thérapeute accompagne, soutient, encourage, stimule, il est là pour accueillir et nommer les affects et émotions.
Le rôle du thérapeute est d'avoir une attitude bienveillante et rassurante, il est le garant de la sécurité de la personne.
Un cheval d'équithérapie c'est quoi ?
Le cheval d'équithérapie est un cheval dont sa vraie nature a été préservée, il doit être capable d'exprimer ses fonctions comportementales naturelles, il est donc équilibré, c'est-à-dire bien dans ses sabots et dans sa tête, réceptif, curieux, volontaire, attentif, généreux, tolérant et à l 'écoute de ce qui se passe autour de lui. A contrario, il ne doit pas être éteint, absent, insensible à son environnement.
Pour cela, il doit vivre dans un environnement le plus proche de ses besoins. C'est-à-dire en troupeau, au pré, pour entretenir des relations sociales, pour ses besoins de déplacements et de mastication quotidiens.
Le cheval en tant qu'animal sensori-moteur, fonctionne principalement au niveau limbique (affectivité). Il est capable de percevoir et de déchiffrer très subtilement les signaux émis par l'Homme. Ces signaux corporels (communication analogique), comportements nerveux sont, le plus souvent exprimés de manière inconsciente par la personne et le cheval va y répondre de manière immédiate par un comportement adapté (approche ou fuite) en réponse à ce qu'il aura perçu comme intention.
Au contact de l'homme, le cheval a profondément modifié ses habitudes à l'état naturel, un travail d'habituation (méthode respectueuse du cheval) a permis au cheval d'accepter quelqu'un sur son dos.
Les relations que nous établissons avec le cheval que ce soit dans un but de loisir ou de travail ne doivent jamais se faire au détriment de son intégrité physique ou psychologique. Pour cela, il est indispensable d'avoir une connaissance suffisante de la nature du cheval et de ses mécanismes de fonctionnements (comportements, vie sociale, besoins vitaux)...
Le meilleur moyen de ne pas se tromper avec un cheval est de se documenter, de participer à des formations dispensées par des professionnels éthologistes scientifiques.
Qu'est-ce que l'équithérapie ou la thérapie avec le cheval ?
mots clés : soin, aide, relation, communication, épanouissement, bien-être
Bien que des définitions soient déjà proposées pour présenter ce qu'est la thérapie avec le cheval ou l'équithérapie, il s'avère difficile d'en donner une définition stricto-sensu, pour la simple et bonne raison que chaque praticien l'exerce en fonction :
- de sa formation initiale (médicale ou sociale),
- de sa façon d'envisager le partenariat homme/cheval,
- du lieu dans lequel il exerce (centre équestre classique ou centre spécialisé de thérapie avec le cheval)
- du profil du public dont il s'occupe (déficiences, handicap...)
Cependant, nous avons décidé de définir l'équithérapie de manière globale et simple pour être comprise de tous. C'est donc une activité thérapeutique médiatisée par le cheval, dont l'objet est de répondre à une demande d'aide, de soin ou de développement personnel. L'équithérapie s'inscrit dans une relation à trois : il y a la personne aidée, le cheval et le thérapeute.
Les apports et les bienfaits que procurent l'équithérapie sont si riches et variés qu'il est impossible d'en dresser une liste exhaustive.
La thérapie avec le cheval ou équithérapie est une activité complémentaire dans une prise en charge pluridisciplinaire (médico-sociale) d'une personne nécessitant des soins ou une aide spécifique.
De même, la thérapie avec le cheval ou équithérapie peut aussi être aisément associée à d'autres psychothérapies à médiation corporelle, à la pratique de l'Art thérapie, de la sophrologie, de la méditation, des Arts martiaux, du Qi-Gong, du Yoga, etc.
Une prise en charge en équithérapie se situe à différents niveaux :
- Au niveau psychomoteur : équilibre, coordination des mouvements, schéma corporel, structuration spatio-temporelle, détente, bien être.
- Au niveau cognitif : apprentissage, langage, mémorisation, attention...
- Au niveau social : autonomie, socialisation, respect de l’autre et des règles.
- Au niveau psycho-affectif et émotionnel : communication verbale et non verbale, gestion et maitrise des émotions, attachement, construction identitaire...
- Au niveau sensoriel : réveiller ses sens (entendre, sentir, voir, toucher), travailler sur la conscience et la présence de soi, expérimenter, ressentir, vivre …
Notons enfin quelques contre-indications à l'équithérapie :
- Tout état inflammatoire
- Ostéoporose grave
- Insuffisance cardiaque
- Hypertonie grave
- Luxation de la hanche
- Arthrose des hanches avec une forte réduction de la mobilité
- Colonne vertébrale corrigée par une tige ou par un corset non amovible
- Scoliose grave
- Epilepsie grave
- Manque de contrôle de la tête et du tronc
- Allergie aux poils des chevaux, au foin
- Peur insurmontable
- pathologies psychiatriques non stabilisées